Le tueur et le Président
Sans état d’âme, un type tue un soldat, puis deux soldats, puis trois enfants juifs et un professeur juif lui aussi. À bout portant, sans se cacher, avec la froideur d’une machine. Effarant !
La police l’identifie, le cerne, se lance à l’assaut à son retranchement et le tue.
Folie ordinaire qui se répand partout sur la planète, contre laquelle personne ne peut grand-chose, et qui entre en action sans bien sûr crier gare. Au nord un néo-nazi, à l’ouest un étudiant mal dans sa peau, ici un petit voyou devenu fou de dieu. Et les drones Irak, les chars en Tchétchénie, les forces aériennes au-dessus de Gaza, de récentes rafales en Afghanistan…
Mais les médias ne parlent pas de cela. Les médias ne parlent plus que de Toulouse. Et la campagne électorale de s’interrompre, et notre Président de sauter sur l’occasion pour donner dans le n’importe quoi, tirer à boulets rouges sur son adversaire principal, clamer qu’il faut de nouvelles lois, se faire applaudir par les godillots de son camp. La campagne électorale reprend alors de plus belle — enfin de plus belle dans le caniveau de la sécurité, de la bonne conscience et d’une dignité de façade masquant à peine l’indignité de notre gouvernement, les affaires qu’il étouffe, son absence de programme, les mensonges qu’il répand.
Parmi les seuls à ne pas se vautrer dans le deuil et le mélo, Jean-Luc Mélenchon…
« En quelle qualité serais-je allé aux obsèques, confie-t-il à Médiapart. J’ai préféré me rendre à Saint-Denis, parler avec le peuple bariolé qui vit dans le 93. Là, au moins, je me suis senti utile. »
Et il a raison, J-L M : notre démocratie va mal, nos libertés se réduisent, le monde court à sa perte. Plus le temps de jouer. Il nous faut avancer, remuer les consciences, amener les gens à se poser les questions essentielles. Car le danger qui nous guette ne provient pas de quelque paranoïaque isolé, mais de l’union contre-nature d’un capitalisme sans considération pour l’humain et d’un social-libéralisme qui se ment à lui-même.
Pour hurler cela, l’inconscient trouve toujours un Merah ou, à une échelle plus vaste, un Führer tel Adolf, ou une demi-démente, comme celle-ci :