J-L M monte, et monte, et monte encore. Et pendant ce temps, dans l’Yonne…

 

De mon fauteuil scotché devant l’écran de mon Mac, je ne loupe aucun de ses discours, aucun de ses meetings, aucune de ses interview. Après la Bastille ce furent Vierzon et Clermont-Ferrand, Lille, Limoges, Toulouse. Entre temps, accordée à Reporterre, une interview sur son engagement dans l’écologie, sur la remise en question que sa prise de conscience lui imposa alors. À des années-lumière du Sarkozy vulgaire, inculte et borné qui aimerait se faire réélire pour poursuivre… comme l’a si bien dit l’Humanité, poursuivre son sale boulot, tel est-il : intelligent, éclairé, en progression intellectuelle ininterrompue. Que nous sommes loin du triste Hollande qui ne sait quoi inventer pour attirer à lui l’esprit de renouveau qu’incarne le héraut de notre gauche de gauche, de notre gauche de combat. De ces millions d’hommes et de femmes qui, après un trop long hivers, sortent de leur hibernation, retrouvent le sourire du printemps et se découvrent vivants, créatifs, confortés dans l’amour  par cet homme qui s’est éveillé avant eux et qui leur montre le chemin de leur libération. 

Un ami, un camarade, un frère. Envie de rejoindre ces foules enthousiastes, d’épouser l’Histoire qu’il écrit, de me fondre dans le mouvement qui va tout emporter.

Je ne suis pas allé à la Bastille : je ne voulais pas voyager en compagnie de “camarades“ qui n’ont rien à foutre de moi, qui repoussent chacune de mes idées sans même les discuter.

Parce que dans l’Yonne, mes frères, mes sœurs, mes amis, cette campagne est d’une tristesse ! Aucune couleur, aucune saveur, aucune joie, aucun rire. Il n’est que de voir l’alignement des militants, leurs visages tristounets lors de la soirée qu’ils ont organisée, en compagnie de quelques sympathisants du FdG, pour visionner en direct le formidable discours de J-L M sur la place du Capitole, à Toulouse.

À croire qu’ils doutent du miracle en train de s’accomplir sous leurs yeux, mes camarades communistes. Qui se demandent avec angoisse, en écho à leur expérience du programme commun, où ce Mélenchon va les mener, eux si raisonnables, si posés, si assurés dans leur foi en des lendemains qui auraient pu chanter. Combien de sièges de députés ils vont parvenir à remporter, du moins à sauver de ce long hiver qui les a vu vieillir qui a vu leurs armées se décomposer, se réduire en nombre, ne plus exister que par la force des choses ?

Cette anecdote au passage : lors de la dernière réunion de front de Gauche, désireux de faire avancer la barcasse icaunaise dont je viens de décrire l’impuissance, j’émis l’idée qu’on pourrait peut-être parler aux populations des villages par le biais d’une sono montée sur une voiture, comme je le fis lors des européennes. En écho sans doute aux propos de J-L M engageant tous les militants à faire ce qu’ils pensaient être bon (et s’il y a du dégât, il sera toujours temps d’y remédier), le numéro 1 du PCF local m’a répondu que c’était impossible, qu’il fallait une autorisation du maire, etc. — c’est-à-dire l’autorisation du grand capital et de la haute finance. Propos sans appel qui ont ramené à mon esprit cette autre bourde du même personnage lors des dernières élections régionales, alors que je proposais une maquette de tract-affichette. Il y a jeté un bref coup d’œil et m’a jeté le papier à la figure :

— Mélenchon, j’en veux pas !

— Et pourquoi, camarade ?

— Culte de la personnalité !

Autre gaffe du même numéro : en fin de la dernière manif contre la réforme sarkozienne des retraites, je m’apprêtais à dire au micro, histoire de ne pas abandonner à leur détresse les manifestants écœurés, que nous l’avions dans l’os, certes, mais que rien n’était joué : nous restaient les présidentielles…

— T’es pas malade, m’a-t-il dit après avoir lu mon papier, tu vas les démoraliser.

— Ah bon ?

— Oui, la lutte continue.

Comme vous l’avez constaté, la lutte fut mise en sourdine mais ce fin politicien l’a sans doute oublié, qui se présente à la députation avec la foi du charbonnier. Comme oublia de son côté de tourner sept fois sa langue dans sa bouche le vieux coco qui vint me voir en fin de la réunion :

— Voici quarante ans que je milite, m’apprit-il, alors crois-en mon expérience : rien ne dit que ton projet ne risque pas la contreproductivité.

J’eus envie de lui répondre que ses quarante ans de militantisme productif l’avaient mené des 22% de Jacques Duclos en 1969 aux 1,9% de Marie-George Buffet en 2007, qu’il pouvait donc se mettre sa longue expérience où je pense. Malgré qu’on achève bien les chevaux, surtout lorsqu’ils ont fait leur temps, je me suis cependant abstenu. Par respect atavique pour les quelques années qu’il a de plus que moi.

 Quant au Parti de Gauche, réduit dans l’Yonne à quelques combattants, je ne l’ai vu à l’œuvre qu’une seule fois, lors d’un meeting du FdG à Migennes.

Deux tables dans l’entrée : une réservée au PCF, l’autre au PG. Et malgré que PCF et PG soient tous deux les principaux constituants du Front de Gauche, pas de communication entre les deux partis. Chacun chez soi, chacun dans son ego, chacun à tenir ses comptes, et chacun à regarder son voisin de travers.

* 

Conclusion : j’ai de plus en plus d’admiration pour Jean-Luc Mélenchon : faire table rase des dogmes, réunir les chapelles, laisser derrière soi les martyrs et les saints sans jeter la sainte histoire aux oubliettes : quel boulot !

Quel boulot, camarade J-L M. Et quelle victoire pour toi si, passant au-dessus les appareils des partis, y compris le tien, tu réussis, comme à la Bastille, à Lille, à Toulouse et demain à Marseille, à réunir les peuples devant la mer, devant l’espace et le fabuleux destin de notre humanité.

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Comments

[Annie]

… mais il s'agit là de cas exceptionnel comme dans toute communauté il est toujours difficile de faire aller tous sur le même chemin, après tout la diversité est aussi richesse

[E.Rousselet]

je ne vois toujours pas naitre autour de moi d'enthousisame melenchonien (mon entourage est le termometre electorale le plus fidele suivant les elections de ces dernieres années)... ne serait-ce pas qu'une enième tentative pour redonner du suspens là ou il y'en a pas dans cette campagne? tout hélas me laisse penser qu'il ne sera pas le troisieme homme tant attendu!

[Benoît]

Salut, beau billet encore !



til faut comprendre les militants communistes. ils se sont fait entuber sans cesse.



La sortie du tunnel ils ne veulent pas la voir, de peur d'être déçus.



il faut leur dire qu'on les comprend, et qu'on les aime quand même.



ils snobent le PG, c'est vrai. Il y a de la jalousie ou de la condescendance. c'est dommage. Nous au PG, non. On les respecte.

[AL1]

Camarades et Ami(e)s



L'hôte du lieu oublie de préciser, qu'en dehors d'avoir de "vraie convictions", il est aussi un écrivain politique talentueux...



Son profil est là : http://www.i-editions.com/catalogue/auteurs/?id=80





Fraternelles salutations !



Alain

[Mimi]

tout à fait d'accord avec toi, Partageux. Et si j'ai écrit le billet auquel tu viens de répondre, c'est bien parce que j'ai toujours la foi. Et que j'ai envie de secouer les trop nombreux camarades qui n'ont pas encore compris que ce n'est plus par des raisonnement vieux d'un siècle qu'on pourra s'en sortir, mais par la jeunesse, par l'audace, par la joie.

Nous sommes la face positive, la force joyeuse de l'Histoire.

Quels mots magnifiques Mélenchon nous a-t-il donné là ! Et quelle force a-t-il transmise à ceux qui ont su l'entendre.

Ceux qui n'ont rien compris seront toujours les moutons qu'on tond, les dindons de la farce.

À bientôt, Partageux. Et que la force soit avec nous !