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Vers un monde enfin humain
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19 avril 2012

Interview d'un auteur du Front de Gauche

CORNILLONLETTRE

Cette interview est parue dans Cent our cent à Gauche

1 - Michel Cornillon, Raymond Aubrac vient de nous quitter. Le régime le plus pétainiste depuis 1945 a tenté de nous faire croire qu’ils lui rendaient sincèrement hommage. Dans votre ouvrage, vous évoquez cette persistance du pétainisme à la tête de la République. Comment l’expliquez vous ?

 Je me suis intellectuellement imbibé de l’idéologie nazie (donc pétainiste) lorsque je me suis lancé dans l’écriture de mon dernier roman, Auschwitz Karnaval. À la faveur de quoi je me suis rendu compte que la dénazification, si elle avait été plus ou moins bien menée en Allemagne, ne l’avait guère été en France. Ainsi, la partie de la droite française qui avait joyeusement collaboré avec la peste hitlérienne, et qui s’était enrichie à cette occasion, s’en était à peu près tirée à la Libération. Seuls, quelques individus avaient été passés par les armes. Mais surtout, nul ne s’était à l’époque avisé de rechercher les causes de la trahison. Causes que je résumerai en ceci : l’appât du gain doublé de la fascination devant la manière totalitaire de diriger les nations : une “élite“ au pouvoir, quelques personnes indispensables pour la seconder, le reste corvéable à merci… Or, si nous nous plaçons du côté du pouvoir néolibéral qui sévit actuellement, en va-t-il autrement ? Nos actuels donneurs d’ordres, parmi lesquels nos gouvernants, n’ont que faire des individus. Seuls compte le bénéfice qu’on peut en tirer.

Dans cette optique, Sarkozy aux obsèques de Raymond Aubrac, Sarkozy au plateau des Glières, tout cela me paraît une injure aux victimes du nazisme comme aux promoteurs de notre modèle social !

 2 - À plusieurs reprises, vous faites référence à l’émancipation vers les Lumières, au18ème siècle. Un intellectuel conservateur a prétendu nous expliquer qu’il y aurait eu une "défaite de la pensée " et que les progrès intellectuels auraient été stoppés. Pourtant, depuis 1945, les Lumières ont repris leur rayonnement. Comment analysez-vous notre situation de ce point de vue ?

 Je fais référence au siècle des Lumières d’une part, et d’autre part à l’émancipation de l’être humain, c’est-à-dire à l’évolution de l’humanité, à son élévation vers un mieux. Or, cette évolution loin d’être continue, procède par à-coups. Ceci, de par la volonté, réactionnaire et désespérée de certains de protéger les fortunes mal acquises, les privilèges outranciers, le pouvoir qu’on ne veut pas partager. Et par la peur intime de changer, de naître à autre chose.

Donc, au 18ème siècle, à la suite de la semaille des Lumières sous l’action de nos philosophes, remplacement du dogme par la raison, révolution politique et sociétale, instauration de la république, transformation de la condition humaine, bond en avant de la pensée positive. En même temps, réaction négative de la part des nantis, et par moments leur triomphe : Restauration, Empire, sclérose de la pensée… Et à nouveau, en 1848 et 1871, remise en route de l’évolution : arrivée de Marx, puis de Jaurès, et de nouveau la réaction, guerrière cette fois-ci : 1914, 1939. La Résistance enfin, puis la Libération. Et depuis, une nouvelle et lente régression.

Si on considère que les périodes de grand chambardement (1789, 1848) permettent au peuple de progresser dans les domaines de la justice, du partage de la richesse et du pouvoir, de l’élévation du niveau de conscience, les périodes de réactions le font au contraire régresser. C’est, je suppose, ce qu’entend votre intellectuel conservateur lorsqu’il fait allusion à une défaite de la pensée. Et cet intellectuel a raison : Nicolas Sarkozy, qui n’a pas compris que l’apparition de l’ordinateur allait provoquer un nouveau saut de l’humanité vers plus de conscience et de compréhension du monde, qui a freiné des quatre fers pour ne partager ni pouvoir ni richesse, a plongé notre pays dans la Grande Régression si bien décrite par Jacques Généreux.

Ainsi, après chaque réaction, un nouveau départ et de nouveaux progrès : l’après-sarkozysme s’annonce donc libérateur de nos énergies et de nos idéaux. Et si ce n’est pas Mélenchon cette fois-ci, ce sera demain son prolongement : le Front de Gauche et ses idées, la révolution citoyenne, la VIéme République.

 3 - Depuis quelques jours l'UMP nous assène que, sans eux, la civilisation serait en danger, alors que nous sommes nombreux à penser qu’elle est en danger avec eux et à cause d eux. Quel bilan faites-vous de l UMP “civilisatrice“ ?

 Bilan catastrophique ! Mais au fait, de quelle civilisation est-il question ? De la civilisation chrétienne moribonde, ou de la civilisation matérialiste qui a mis la terre en danger, et qui entend bien continuer ?

Si nous voulons sauver la terre, sauver l’humanité, il nous faut d’abord abattre le capitalisme. Le capitalisme n’a eu de raison d’être que dans l’exploitation de la machine à vapeur et de celles qui lui ont succédé. Or, cet outil, la machine, venue remplacer la main de l’homme et la puissance du bœuf sans que l’ancienne noblesse y puisse rien, a coïncidé avec la révolution de 1789 et un changement radical de régime. Gageons donc que le nouvel outil de l’humanité, l’outil du partage du savoir, l’outil non plus de la main et du bras mais celui de l’esprit, aura la même conséquence bénéfique : la mise au rebut du capitalisme, de l’UMP du même coup. Tous deux sont dépassés, obsolètes, maléfiques.

 4 - Dans votre ouvrage, vous parlez du clan des frères Sarkozy, en 2012 bien méconnu. Quels liens ont-ils ?

 Les trois frères Sarkozy et leur demi-frère, outre leur lien de fratrie, qu’on supposera affectif, ont un intérêt commun : l’argent et le pouvoir. L’un, président de la République française, veut réformer (privatiser) l’assurance vieillesse pour qu’un de ses frères développe dans le domaine de la retraite ses activités d’assureur ; qu’un autre profite de la manne des dépenses de santé à la faveur entre autres d’un plan Alzheimer bidouillé dans ce but ; que le troisième enfin, de son poste d’administrateur d’une des plus grandes multinationales américaine, dirige ce petit monde loin des oreilles indiscrètes. Il y avait aussi le fils Jean, promu à la direction du quartier de la Défense, mais cette affaire lui est passée sous le nez. Ce qui n’aura aucune importance pour lui : d’après son ami Balkany, il se destine à une brillante carrière politique. À moins que d’ici là… on ne change de civilisation !

 5 - Dans votre ouvrage, vous exprimez des sentiments très pessimistes, notamment la perspective d’une guerre qui conduirait à un massacre des citoyens. Vous citez même Viviane Forrester selon laquelle nos dirigeants auraient moins besoin que jamais des citoyens-producteurs. Mais au contraire ne sont-ils pas, comme jamais, hyper dépendants du travail et du soutiens, du vote des citoyens ? Et contre une guerre mondiale, le pouvoir des citoyens mobilisés ne serait-il pas énorme et déterminant ?

 Lorsqu’un individu n’a plus aucun argument à opposer à un adversaire, sa réaction est de sortir les crocs, ou les poings, ou une arme. Pareillement, lorsqu’un système politique ne peut plus gérer ni le chômage, ni la misère grandissante, ni la révolte sociale, ni les problèmes écologiques qu’il a engendrés, non plus que ses propres finances, que fait-il ? Comme en 1914, comme en 1939, il cherche sa survie dans une guerre la plus meurtrière possible. À l’issue de quoi plus de problème de chômage, ni de problèmes sociaux, mais au contraire la perspective d’une reconstruction qui emploiera les énergies des survivants et permettra la reprise des affaires. Là se trouve le danger qui nous guette, d’autant que les motifs de conflits ne manquent pas. Et d’autant que la théorie du “choc des civilisations“ fut peaufinée dans ce but par quelques excités.

Regardons quelques années en arrière : précédant la finance, les tours du WTC se sont effondrées sous les yeux du monde. Mais qui nous dit que Ben Laden a véritablement fait le coup ? Pour envahir la Pologne, les nazis avaient mis en scène l’attaque par un commando polonais d’une de leurs stations radios. Or, le soi-disant commando était constitué de SS, lesquels furent éliminés par leurs congénères sitôt leur forfait accompli, et l’on sait ce qu’il est advenu dans la foulée. L’affaire du WTC a semble-t-il foiré, mais rien ne nous dit que ce n’était pas une première esquisse. Quoi qu’il en soit, l’affaire a mené en Afghanistan, puis en Irak, et Ben Laden a paraît-il été tué. Ses affaires ont disparu, son corps a été jeté en mer, là où nul n’ira le chercher. A-t-il seulement existé ?

Oui, possibilités de guerre, avec cette fois des armes de destruction massives. Pourtant, l’espoir existe, et les citoyens, à la prochaine alerte, auront leur mot à dire. L’humanité se trouve en effet à un moment charnière de sa vie : munie de l’arme de son suicide, ayant en même temps effectué son premier pas hors du berceau de son enfance, elle s’apprête à passer de l’adolescence à l’âge adulte, et je ne pense pas qu’elle ait encore l’intention de se laisser mener par le bout du nez. En cela, un homme comme Jean-Luc Mélenchon l’aide à prendre conscience de sa richesse, parallèlement des dangers qui la guettent.

Mais j’oubliais une partie de la question… La démocratie ? En période de guerre, on l’oublie ! Le travail des citoyens ? D’ici vingt ans, plus guère besoin de travailleurs : on aura des robots.

Tout est donc à changer dans l’organisation de nos sociétés. Sous peine de mourir, partage de la richesse, partage de la culture et partage du pouvoir.

 6 – Votre ouvrage, de par son titre, évoque la personne de Jean-Luc Mélenchon. La campagne présidentielle pour le premier tour se termine ces jours-ci. Quel bilan faites-vous de la campagne du Front de Gauche ?

 Dans cette campagne, Jean-Luc Mélenchon aura fait un travail extraordinaire, et je suis fier non seulement de l’avoir suivi, mais également d’avoir participé, de ma plume, à son action en vue du réveil de la France, de l’Europe et de l’humanité et de ses peuples. Car J-L M, contrairement à un Copé ou un Sarkozy, n’a pas sa seule personne, ni même le peuple dont il est issu, comme objectif de sa réussite. C’est un visionnaire et un démiurge, il veut la terre entière, il a raison.

En ce qui concerne la campagne du Front de Gauche dans mon département, je serai beaucoup plus mesuré. Après avoir adhéré au PG, puis au PCF, je me suis éloigné de ces deux formations pour ne plus appartenir qu’au FdG, lequel n’a de réalité que virtuelle. Et je n’y ai vu que l’habituelle routine du tractage, du boitage, des réunions qui ne servent qu’a se retrouver, rarement à discuter sur le fond, encore moins à prendre en compte les idées spontanées, celles qui ne proviennent pas de l’appareil des partis, mais d’ailleurs. De gens comme moi, d’intellectuels dont on a dit autrefois (et on continue) qu’il fallait se méfier. Face à l’extraordinaire ambiance des meetings, face aux discours enthousiasmants de Jean-Luc, j’ai regardé mes camarades bardés de leurs certitudes, bardés de leur expérience et de leur bonne conscience. J’en aurais pleuré.

Mais je le répète, je n’ai pu observer que mon département. Département dans lequel J-L M et ses disciples vont avoir du pain sur la planche !

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Commentaires
B
Michel, si je partage, jusqu'au paragraphe 6 ton analyse, et pour avoir de même connu pareille <br /> <br /> désillusion qui ne correspondent pas à la démarche du Front de Gauche, je n'en reste pas moins compagnon de route de celui-ci. <br /> <br /> Dans toute association, nous avons à surmonter de tels comportements inhérent à la nature humaine. <br /> <br /> Nous nous sommes entrevus à la naissance des initiatives citoyennes, ce devait être à Gennevilliers, si ma mémoire est bonne. Amitié.
H
Salut petitecorne,<br /> <br /> bien à toi,<br /> <br /> H.S.
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