Pour ce qui est de la Grèce, de l’Espagne, du Portugal, de l’Irlande, de l’Egypte, de la Tunisie, de la Syrie ou de la Lybie, on a tout su. Concernant l’Islande, mystère.

Rappel des faits :

2008 : La couronne islandaise s’effondre, la bourse suspend ses activités, le pays se déclare en banqueroute.

2009 : Les protestations citoyennes provoquent d’une part des élections anticipées, d’autre part la démission du Premier Ministre et de tout le gouvernement. Mais le désastre économique n’en persiste pas moins. Par le biais d’une loi, il est alors proposé à la Grande Bretagne et à la Hollande le remboursement de ce qui leur est dû : 3.500 millions d’Euros. Et ce seront les familles islandaises qui s’en acquitteront, cela pendant 15 ans, à un taux d’intérêt de 5%. Soit 100 € par mois et par famille.

Le peuple descend à nouveau dans la rue et demande que la loi soit soumise à référendum. Le Président accepte et annonce une consultation populaire. En mars, le NON l’emporte avec 93% des voix. 

Parallèlement, le gouvernement diligente une enquête sur les responsabilités de la crise. D’où la mise en détentions de plusieurs banquiers et de cadres supérieurs de la finance.

 Dans ce contexte, élection d’une une assemblée en vue de rédiger une nouvelle Constitution. Laquelle, reprenant les enseignements de la crise, se substituera à la présente, copie de la constitution danoise. Pour ce faire, on a recours au peuple souverain. Parmi les 522 citoyens qui sont présenté leur candidature, on élit en 25, sans filiation politique. Seule condition : être majeur et recueillir le soutien de 30 personnes. 

L’assemblée constituante commence ses travaux en février 2011 afin de présenter, en partant des avis collectés dans tout le pays, un projet de Grande Charte. Elle doit être approuvée par l’actuel parlement ainsi que par celui qui sera constitué après les prochaines élections législatives.

Résultat : l’Islande est le seul pays du Marché Unique et de l'espace Schengen à s’être tiré de la crise.

Nous a-t-on parlé de cela dans les médias européens ? Non. A-t-on vu des images de ces faits à la TV ? Non. Or, le peuple islandais a su affronter le système qui empoisonne l’Europe, donner au monde entier une leçon de démocratie. Même si nos dirigeants prétendent qu’ils ont contenu la crise et que le pire est derrière nous, nous sommes dans la même situation que l’Islande avant sa débâcle de 2008. Le pire, c’est ce qui va se produire si nous laissons la caste de privilégiés qui nous gouvernent continuer de s’engraisser en creusant des trous abyssaux dans notre économie.

D’après José-Carlos Folgado, délégué syndical central CGT.

Texte rapporté par Françoise Dambrin.

Pour plus ample information, voir Courrier International.

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L’Islande oubliée des médias

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